Kharites RH

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Parce que la reconnaissance au travail exige une véritable stratégie

Le Prix Humain des Vendanges en Champagne

En 2023, une série de décès tragiques parmi les vendangeurs a frappé la Champagne, un événement exceptionnel dans une industrie où l’on déplore habituellement un à deux décès par an pendant les vendanges.

SGV Champagne

Lors de son assemblée générale en avril 2023, le SGV Champagne a célébré une année record avec plus de 326 millions de bouteilles expédiées et un chiffre d’affaires de plus de 6 milliards d’euros malgré des problèmes de recrutement et un manque de personnel estimé à 10% des besoins lors des dernières vendanges.

Conditions de travail et santé

Conformément à l’Article L4121-1, il revient à l’employeur de mettre en place les mesures essentielles pour garantir la sécurité et préserver la santé, tant physique que mentale, de ses travailleurs.

Maxime Toubart, président du syndicat général des vignerons de Champagne, a affirmé que les employeurs ont fait des efforts pour éviter les accidents tout en mettant en avant qu’il faut que les raisins rentrent. Il a également souligné que certains vendangeurs n’étaient pas suffisamment préparés malgré les rappels constants des consignes. Faut-il se demander si davantage aurait dû être entrepris dès les premiers signes de malaise ? Car dans le journal du 20h de France 2 du 13 septembre, un responsable d’équipe a évoqué la présence fréquente des pompiers en raison des malaises, tandis qu’un employeur regrettait de ne pas avoir agi plus tôt pour protéger ses travailleurs. « Il est tombé plusieurs fois, euh, la 3ème fois il ne s’est pas relevé… J’ai des regrets parce que si on avait su, on les aurait obligés à s’arrêter à 15h… »

Préserver les salariés

Outre ce qui a été évoqué dans les différents articles sur le sujet, comme le fait d’adopter le rythme de travail du sud de la France, d’autres pistes sont à explorer.

Réglementation de la rémunération

La rémunération d’un vendangeur varie en fonction de son expérience, ainsi que du contrat conclu avec l’exploitant. En général, les vendangeurs perçoivent une rémunération équivalente au SMIC. Néanmoins, certains viticulteurs choisissent de rémunérer leurs travailleurs « à la tâche », c’est-à-dire en fonction du nombre de kilos de raisin récoltés. À la lumière des conditions météorologiques et économiques actuelles, cette pratique pourrait-elle nuire aux travailleurs en les poussant au-delà de leurs limites ?

Visite médicale

Il a été également évoqué dans un article de Frantz Durupt que le principal syndicat de vignerons se demandait si les victimes n’avaient pas « une santé un peu précaire ». Dans ce cas, pourquoi ne pas imposer une visite médicale pour éviter de futures tragédies ?

Sensibilisation au droit du travail

On est en droit de se demander pourquoi ces vendangeurs n’ont pas fait valoir leur droit de retrait ? Peur d’être blacklistés, de paraître fragiles aux yeux des autres, besoin d’argent pour faire face à la précarité ? Quoi qu’il en soit, il est crucial de sensibiliser les travailleurs aux droits dont ils disposent.

Sensibilisation à la reconnaissance au travail pour les vignerons

La reconnaissance existentielle est la base de toutes les autres formes de reconnaissances selon Brun et Dugas. Elle se  traduit par des gestes quotidiens lors des échanges interpersonnels. Salutations, témoignage d’intérêt, soutient, mais également l’apport de solutions personnalisées.  Elle implique une reconnaissance de l’employé en tant que personne comme un être unique, libre, égal, qui mérite respect, qui connaît des besoins, mais qui possède également une expérience utile.

 

En conclusion

L’industrie des vendanges en Champagne est confrontée à des défis cruciaux qui ne peuvent être ignorés. Alors que les chiffres économiques prospères montrent que cette activité est vitale pour la région, les récents décès tragiques des vendangeurs nous rappellent que la sécurité et la dignité des travailleurs ne doivent jamais être compromises au nom du succès financier.

Les vignerons du SGV se sont battus pour obtenir une dérogation de l’État, permettant d’assouplir les règles d’hébergement, autorisant jusqu’à 10 travailleurs par chambre, avec une surface minimale réduite à 4,5 mètres carrés, au lieu des 9 mètres carrés, avec comme contrepartie des engagements tels que fournir assez d’eau chaude, un accès WiFi… Aujourd’hui, ils plaident pour le maintien des dérogations au temps de travail, soulignant leur rôle crucial dans le succès de la récolte. J’espère qu’ils mettront la même énergie afin que des mesures concrètes soient prises pour prévenir de futures tragédies. L’Article L4121-1 est clair sur la responsabilité de l’employeur en matière de sécurité et de santé des travailleurs, et il est temps que cette responsabilité soit pleinement assumée. 

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